Bonjour à tous !

Flatté par la délicatesse des mots de notre Cher Webmestre, je ne peux m’esquiver pour inaugurer avec plaisir et honneur la « boite aux idées » de cette rubrique.
Depuis le 26 décembre écoulé, notre planète vit avec le triste souvenir du tremblement de terre et le tsunami qu’il a engendré en Asie du Sud.
Plus de 240.000 disparus dénombrés à ce jour.
Les premières victimes de cette catastrophe furent les pécheurs de Sumatrah, du Sri Lanka, de L’Inde, du Bangladesh et autres pays - bien loin de l’épicentre - tel que la Somalie.
A ces Gens de Mer, j’avais dédié ce texte en souvenir de leur mémoire.
Je vous invite à le lire avec une pensée humble et solidaire.

 

LA MER,
terreur ou fascination

Une contribution de notre camarade :
Med Kamel HAMZAOUI


(du japonais "Tsu" qui veut dire port et "Nami" : vague) qui vient d’endeuiller notre planète, réveille en ces jours tragiques une peur envers l’élément marin.



Au-delà de la catastrophe récente, on renoue de façon pluriséculaire avec un passé très ancien, c’est à dire la terreur.

Les anciens du temps d’Homère avaient une « vision terrifiante de la Mer où les tempêtes ne le cèdent qu’aux courants de Charybde et Scylla ou bien aux lieux de perdition qu’envoûtent les sirènes »

Dans la Bible, c’est « Yahvé qui commande aux flots et ordonne le Déluge, l’Ingestion de Jonas par la Baleine ou encore l’Ouverture de la Mer Rouge ». Longtemps, la Mer reste peuplée de monstres tapis dans ses profondeurs. Au mythe antique de l’Atlantide, aux cités englouties - telle Ys - des légendes, succède la terreur réelle des tempêtes et des naufrages, relayée par l’imaginaire des romanciers, des poètes et des peintres.

Une préoccupation que l’on trouve jusqu’au XIXème siècle.

La peur du poulpe de Victor Hugo se double alors d’une attirance pour les grandes profondeurs, comme dans « 20000 lieues sous les Mers » de Jules Verne.

La Mer, cette " étendue sans substance " selon Aristote, ce milieu par essence contraire à la nature de l’homme, est restée jusqu’au XXeme siècle, porteuse de fantasmes.

Que d’enluminures, gravures, textes littéraires, ouvrages scientifiques, cartes, films, photos et autres, l’Astrolabe de Feu, le Commandant Cousteau, le Robot des profondeurs du «Titanic» etc... Tous témoignent de notre attraction vers le Monde du « silence ».

L’homme, à force de science, au lieu d’être terrifié par la Mer, en devient le protecteur en raison des dégâts qu’il lui cause. Des campagnes sont menées tambour battant à travers le monde, pour la sauvegarde de l’environnement marin.

Par un formidable retournement, avec la tragédie récente en Asie du sud, domine désormais le sentiment que cet homme qui était un peu prométhéen, qui pensait qu’il pouvait dominer la planète, sans la polluer, se retrouve comme un fétu de paille face à cette formidable puissance insurmontable et imprévisible à ce jour dans la majorité des Mers du globe.

Avec la catastrophe des Tsunamis, il ne s’agit plus de protéger la Mer contre la folie des hommes, mais de protéger les hommes contre la folie de la Mer.

Les Gens de Mer qui respectent les règles de l’art de la navigation, ont conscience de cette folie meurtrière.

Dès l’annonce d’un avis urgent de sécurité, par exemple, les navires à quai larguent souvent, sans tarder, leurs amarres pour le grand large où ils ne courent aucun risque majeur.

Les raz de marée de force 9 sur l’échelle de Richter ne sont dangereux qu’à l’approche des côtes.
Celles-ci sont balayées par des vagues gigantesques pouvant atteindre les 30 mètres de hauteur.

L’Indonésie fut frappée par le même cataclysme le 27 août 1883. Environ 35.000 personnes auraient péri.
La Méditerranée n’est guère à l’abri des Tsunamis. Les géophysiciens la classent au 2ème rang dans ce risque, après l’Océan indien et devant... l’Océan Atlantique.

Faudrait-il alors inviter les promoteurs, en l’occurrence ceux des secteurs du tourisme et de l’habitat public, à méditer davantage sur le sens propre de leur formule sacrée : « Hôtel et/ou Résidence pieds dans l’eau » ?

D’ores et déjà les pays de l’ Asie du Sud frappés par le Tsunami le 26 décembre écoulé, envisagent d’en tirer la leçon.

Amicalement.

Cdt K. Hamzaoui
09/02/05 - 14:31